La campagne provençale est constellée de petites fermes et de maisons de maître: les mas et les bastides.
Le cabanon est un mas en réduction avec une seule pièce qu’on occupe pendant la journée.
Le bastidon, lui, comporte un étage et sert de résidence.
Selon l’usage que l’on en fait, le cabanon, qui occupe une surface intérieure d’environ vingt mètres carrés, s’agrandit pour loger sous son toit, souvent à un seul pan couvert de tuiles creuses, une cuisine et sa cheminée d’angle, et même parfois un grenier à l’étage. Très modeste, la façade recouverte d’enduit laisse apparaître les encadrements de pierres des ouvertures: une porte étroite et une petite fenêtre. Souvent un tilleul, un pin ou un platane, planté devant l’entrée, apporte leur ombre bienfaisante.
Le cabanon, une cabane en pierre au milieu des champs
Dans les régions agraires ou viticoles, chaque maisonnée possède une petite cabane au milieu des champs. On y range les outils et l’on s’y réfugie lorsqu’un orage menace ou que le soleil tape trop fort. De son côté l’agriculteur provençal partait le matin tôt et rejoignait pour y travailler les parcelles de terrains disséminé sur sa commune. L’éloignement de certaines de ces terres ne lui permettant pas de rentrer à la bastide familiale pour se restaurer. Il construisait et aménageait par place un cabanon en pierre pour éviter ces longs trajets. Il lui arrivait accessoirement d’y dormir. L’emplacement était minutieusement choisi en fonction d’une éventuelle source ou du moins de la présence d’un point d’eau et d’un peu d’ombre. Le creusement d’un puits faisait souvent parti de cette construction pas si improvisée que ça.
L’utilisation de ces petites demeures, bien pratiques à l’époque, est aujourd’hui prétexte à une promenade en famille. L’entretien peu exigeant du cabanon s’accompagne d’une cueillette de légumes et de fruits que l’on consomme sur place au cours d’un pique-nique plus au moins improvisé et que l’on emporte soigneusement dans un grand panier d’osier. Pour tous, aller au cabanon, au mazet, ou encore au bastidon est le signe d’un moment de détente et de bonne humeur à partager avec les siens. Plusieurs fois par an les amis ou la famille perpétuent la tradition et se retrouve pour des banquets champêtres au beau milieu de la campagne provençale.
Le bastidon, élégante résidence d’été
Plus isolé, le bastidon, bâti avec soin avec de belles pierres blondes, est une bastide miniature qui sert de résidence estivale à la famille d’un riche commerçant, d’un agriculteur plus fortuné que les autres, ou d’une famille locale partie travailler en ville. Le bastidon possède plusieurs pièces et des chambres à l’étage. Dans les Alpilles, il prend carrément des allures aristocratiques avec des ornements de pierre et de salles voûtées qui n’ont rien à envier au plus beaux mas de la région. S’inscrivant dans un parc avec grâce et élégance, réconciliant le jardin nourricier et le jardin de plaisance, le bastidon offre une façade s’ornant parfois d’un fronton souligné par un bandeau, ce qui lui vaut souvent le nom de bastide… C’est un lieu de retour à la nature et de communion avec cette campagne environnante si prisée des citadins parfois obligés de quitter la campagne pour aller s’installer en ville. Souvent le bastidon perpétue ce lien familial, il est le trait d’union avec la terre de nos ancêtres.
Le cabanon des calanques
« Pas plus grand qu’un mouchoir de poche », fait de bric et de broc, le cabanon des calanques est selon la légende et la chanson, une retraite idéale pour les Marseillais ou les Toulonnais qui fuient les grosses chaleurs pour venir respirer et pêcher. Servant la semaine à entreposer les filets, ce cabanon surplombe la Méditerranée pour accueillir le dimanche famille et amis le temps d’une partie de pétanque ou de carte et d’un déjeuner bien arrosé « avé le pastaga » suivit du rosé bien frais sous la treille… On retrouve également ce type d’abri soi-disant temporaire loin des calanques marseillaises car il fait partie d’un art de vivre provençal bien défini. Autrefois considéré comme une demeure pour gens modestes, la valeur de ces lieux, devenus idylliques, a été revue à la hausse pour ne pas dire perçue comme un privilège. Ce patrimoine est désormais plus ou moins bien protégé dans un parc naturel pour faire obstacle à certain débordements, justifiés ou non, propre à la nature humaine. Quoi qu’il en soit l’authenticité et le bonheur simple reste au rendez-vous. A l’époque, en construisant ces cabanons, l’homme a implanté de façon immuable l’état d’esprit méridional sur sa terre de Provence.
Une source d’inspiration pour les peintres
La quiétude et le bien-être qui se dégagent de ces demeures emplies d’histoire et de bonheur ont largement inspiré les auteurs de livres, les scénaristes de cinéma, les photographes, amateurs ou non, mais également de nombreux peintres classiques ou contemporains. Sous le pinceau, ce simple retour à la nature prend toute sa forme et ses couleurs. Chaque peintre le retranscrit à sa façon. Très souvent un esprit plein d’émotion et de chaleur demeure le point commun entre chacune des œuvres inspirés de la vie de ces cabanes provençales hors du temps. Pour bien peindre un cabanon, il faut s’imprégner de la vie qui s’y déroule.